Sur le dossier Afghan, Barack Obama a tergiversé. Les solutions qui étaient proposées au président américain étaient au nombre de quatre. Après des semaines de questionnement, les Etats-Unis enverront finalement quelque 30 000 hommes supplémentaires. C’est donc une solution intermédiaire que Barack Obama a choisie.
« C’est une guerre nécessaire » a déclaré Barack Obama. Mais si aux yeux du président américain, c’est une guerre utile, la décision d’envoyer des renforts fut particulièrement dure à prendre. Surtout lorsque cette décision, quelle qu’elle soit, est impopulaire. Avec un électorat démocrate qui estime à ses deux-tiers que cette guerre ne vaut plus la peine d’être menée, une situation économique pour le moins catastrophique avec un déficit qui devrait atteindre d’ici 2010, 1 500 milliards de dollars, cette guerre fait un trou dans les finances de l’Etat et met Barack Obama en porte à faux. Paradoxalement ce sont les républicains qui soutiennent à 65 % Obama sur le dossier Afghan. Le président a donc pris un gros risque en annonçant, le 1er décembre 2009, l’envoi de 30 000 hommes supplémentaires lors de son discours devant les cadets de West Point. Il faut en effet pour lui des résultats. Et vite ! On comprend bien que le choix du président américain lui apporte plus d’inconvénients que d’avantages. Mais alors pourquoi avoir décidé d’augmenter le nombre de soldats du contingent américain en Afghanistan ?
Une promesse
Avant toute chose, lors de sa campagne, Barack Obama a promis de régler le conflit avant la fin de son mandat pour que son successeur n’ait pas à s’occuper de ce problème. Il a d’ailleurs réitéré ce propos lors d’une conférence de presse le 24 novembre : « Après huit années pendant lesquelles nous n’avons pas toujours eu les ressources ou la stratégie nécessaire, il est dans mes intentions de finir le
travail ». Le retrait des troupes américaines pourrait même commencer dès 2011. Envoyer de nouveaux soldats s’inscrit donc dans le schéma suivant : faire en sorte de régler le conflit et donc de respecter sa promesse de campagne. On s’en souvient, en février dernier, le président avait déjà décidé de renvoyer un supplément de 21 000 hommes. Car augmenter les troupes s’inscrit aussi dans un autre schéma personnifié par un homme : le général McChrystal. Ce schéma est celui de la contre-insurrection. Théorisée par des officiers français tels que, David Galula et Hubert Lyautet, elle a notamment était mise en application au Maroc et en Algérie lors des guerres coloniales. Cette stratégie consiste à défendre la population contre les insurgés mais aussi contre les bavures de la coalition. Le général veut donc une armée que l’on peut qualifier de proximité en ce sens que les soldats doivent avant tout avoir en tête la sécurité de la population et non la traque des talibans. Priorité de la coalition « gagner les cœurs et les esprits » et cette stratégie est particulièrement gourmande pour un homme.
En France, on grince des dents
En plus de cette annonce, Obama à réclamé à ses alliés un peu d’aide. Il s’agit pour l’ensemble de la coalition d’envoyer 10 000 militaires de plus. Le général McChrystal avait en effet demandé un surge de 40 000 hommes. Avec les 30 000 américains et les 10 000 soldats alliés qu’Obama a réclamé mardi, le compte est bon. Du coup, après Hillary Clinton qui en discute avec Bernard Kouchner, c’est le président américain que Nicolas Sarkozy a eu au téléphone pour réitérer sa requête de 1 500 militaires français supplémentaires sur le théâtre d’opération Afghan. Et surprise, le président français pourrait bien revoir sa position. « Pas un soldat de plus » disait encore Nicolas Sarkozy à la mi-octobre. Pourtant dans son discours du 30 novembre au Invalides, le chef de l’Etat déclarait : « renoncer, ce serait laisser le champ libre au terrorisme et à la violence barbare des fanatiques » et « abandonner un peuple ami qui aspire à la paix ». Pourtant, Thierry Mariani, le représentant spécial de Nicolas Sarkozy pour l’Afghanistan et le Pakistan a annoncé que la France n’enverrait pas de renfort. Il a tout de même précisé que des formateurs militaires pour « la formation de la police et de l’armée afghanes » pourraient être déployés.
En bref – Les quatre options
Barack Obama avait à choisir entre quatre options. La première, soumise par le général McChrystal consiste à envoyer 40 000 hommes pour la stratégie de contre-insurrection. La deuxième était proposée par le secrétaire d’Etat à la défense, Robert Gates, et consistait à projeter 30 000 hommes. C’est la solution de « compromis ». La troisième est une solution « hybride » qui consiste à envoyer 20 000 hommes. Et enfin une solution à minima avec l’envoi de 10 000 à 15 000 soldats. En décidant d’envoyer un surge de 30 000 militaires, Obama contente donc les attentes de Robert Gates. Mais en demandant un effort de 10 000 soldats de la part des alliés, le président américain cherche habilement à répondre aux attentes du général McChrystal.
Article réalisé dans le cadre d’un magazine étudiant